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Cacophonies élémentaires
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11 avril 2011

Tuer l'espoir

C’est de ces petits moments que l’on vit, de ces petites choses insignifiantes, de ces plaisirs minuscules du quotidien que naît l’espoir. L‘espoir de quelque chose de plus intense, de quelque chose de meilleur, de beau, de plus beau, de plus coloré, de plus exaltant...
C’est de cet espoir que l’on tire force, joie, confiance... que l’on tire le désir de demain, que l’on pense meilleur qu’aujourd’hui.
Mais cet espoir n’est rien. Probabilité d’un possible, peut-être meilleur, peut-être identique, peut-être pire que l’instant présent. Indice de confiance 2 sur une échelle qui en compte tellement...
Mélange de rêves et de fantasmes, projection irréelle, cet espoir nous mine tout aussi sûrement que le temps nous use... Non ceci ne sera pas possible, non cela ne se fera pas, non tu ne peux pas, non je ne veux pas, non, non, non...
Spirale infernale des espoirs déçus, la vie s’écoule en son sablier, terne et monotone, parfois entachée de larmes et de pleurs...
C’est au nom de l’espoir que l’on ne vit pas le présent, c’est au nom de l’espoir que l’on accepte l’inacceptable, c’est au nom de l’espoir que l’on croit, simplement, que l’on croit !
Mais si l’on tuait l’espoir ? Si on ne voyait dans le présent que les faits là où l’on veut voir des fées, si l’on goûtait chaque instant comme unique, quel goût lui trouverait on ? De petites mesquineries en petites bassesses, la soupe de couleuvres est toujours plus amère, mais comme notre bon goût s’estompe, elle passe toujours aussi bien...
Alors il ne faut pas croire que si l’on tuait l’espoir le présent nous apparaîtrait forcément magnifique, comme par magie ! Le présent resterait le même, et ce n’est pas l’espoir ou le désir, peu importe le nom qu’on lui donne, qu’il convient de tuer, mais le goût du beau là ou le moche peu suffire, le goût du bon là ou l’insipide fait très bien l’affaire, le besoin de faire mieux quand faire correct serait largement suffisant... Ce n’est pas l’espoir qu’il convient de tuer mais cette idiote idée que l’on a de la vie qui se devrait d’être intéressante, alors qu’elle n’est qu’accident ! Pourquoi notre vie devrait elle être heureuse, belle, palpitante ? Elevons la médiocrité en valeur, faisons du calamiteux une vertu, acceptons à jamais l’idée que tout est acceptable et que tout est au mieux dans le meilleur des mondes, ou plutôt non, que tout est ainsi dans ce seul monde qu’il nous soit à jamais donné de connaître...
Et que l’on ne me dise pas que ce billet est triste ou négatif, que l’on ne me dise pas que je veux voir le gris là où brille la lumière, que l’on m’invite juste au bal, que l’on y vienne aussi nu que je peux l’être et que l’on y construise sans préjugé un univers différent où les sentiments ne feront pas souffrir, où les sens retrouveront leur fonction première, celle de goûter, de toucher, d’humer ce vent chaud ou cette pluie froide, celle d’accomplir la seule vie que l’on est en mesure de vivre : une vie (de) bête ! 
Tuer l'espoir que tu reviennes ! 

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Commentaires
P
@usclade: le désir est certainement plus communément envisagé comme une forme de fuite en avant génératrice de frustrations que ne l'est l'espoir. Mais je pense que c'est avant tout fonction de la façon dont on perçoit l'un et l'autre, de l'objectif poursuivi...<br /> Je voulais dire ici que c'étaient les objectifs que l'on poursuit, l’attention que l'on accorde aux choses, qui font notre réalité et que tout projeter dans le futur sans vivre le présent est tout aussi idiot que condamner toute projection dans le futur sous prétexte qu'elle pourrait nous empêcher de vivre le présent. Ce n'est pas l'espoir qui nous empêche d'aimer...<br /> <br /> @Gicerilla: ben votre texte est en italique, la fin indique clairement que c'était un songe... je pense qu'il est assez aisé de voir que c'est du second degré quand même... Après comme le disait une quelqu'une "il y a toujours un fond de vrai dans le second degré" et ça faisait pas mal de temps que je voulais écrire sur le sujet, votre lien me l'a rappelé et m'en a donné "un prétexte facile"...
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G
@ Usclade : j'aime bien quand vous vous emmêlez les crayons. Surtout avec des métaphores aussi chouettes "Face aux désirs fauves, surtout ne jamais lâcher son fouet !" que dans un premier temps je n'ai pas lu littéralement. <br /> A la première lecture j'y ai vu de la couleur comme celle des "nuits fauves" de feu Cyril Collard. Puis la métaphore dans toute sa dimension du cirque m'est apparue et j'ai souri. Un désir serait déjà pas mal, mais un désir fauve qui vous dévore, alors là non merci.<br /> <br /> @ Philachev : merci pour le lien vers mon texte mais du coup je ne suis pas sûre que le deuxième degré qui est le niveau de mon écriture ait été perçu ?
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U
Oups, je viens de relire ton billet et il semble que je n'avais pas bien lu le dernier paragraphe, puisqu'il dit sensiblement ce que je voulais rectifier ci-dessus ! <br /> Comme si j'en étais resté au titre, en le prenant au pied de la lettre. "Tuer l'espoir" n'est effectivement pas ce que tu préconises !
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U
@Phil et Gi : je viens de rebondir entre vos échos respectifs tout à fait passionnants et la question qui reste est : ne succombez vous pas à la tentation de vous en prendre au moteur, plutôt qu'aux aléas de la route ou au choix de pilotage, quand votre véhicule est en panne ou vous a envoyés dans le décor? <br /> Certes sans moteur, vous vous seriez épargné l'accident, mais le moteur n'est pas le déclencheur de la situation, si?<br /> <br /> Pour moi le désir comme l'espoir sont des moteurs qui certes sont parfois sources de tristesse, d'insatisfaction et de douleur, mais je n'envisage pas de vivre sans.<br /> <br /> Par contre, le désir, qui fait que, à la façon du marcheur sur les cailloux du torrent, on ne sait pas apprécier le caillou qu'on désirait atteindre plus que tout au monde, car on se met aussitôt à désirer plus que tout le caillou suivant, oui ce désir là, mérite d'être dompté. Tout comme le désir qui nous empêche d'apprécier le réel au motif que le réel n'est jamais aussi merveilleux que l'objet imaginé... Face aux désirs fauves, surtout ne jamais lâcher son fouet ! :-)
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P
@Gicerilla: "pourquoi ne vous offrez-vous pas simplement ce que vous demandez ?" peut être parce que mes bras sont trop courts, peut être parce qu'à force de vouloir prendre je me suis brûlé les mains, Icare s'est bien brûlé les ailes ;)<br /> J'irai vous lire!
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