Du pouvoir et du sexe
Le pouvoir et le sexe, le sexe et le pouvoir, seraient les deux mamelles de l’Homme... Double hélice primaire inscrite dans notre destinée tout aussi sûrement que nos gènes en notre ADN ? Tout ce qui nous dirige, tout ce qui nous oblige, tout ce qui nous motive ne serait que la recherche de l’un pour la satisfaction de l’autre ?
Hélas, force est de constater que, pour beaucoup, ce comportement primitif l’emporte sur la raison, l’emporte sur l’émotion, l’emporte sur l’existence même... Besoin d’exercer son rôle de mâle dominant pour féconder la femelle alpha? Pouvoir et sexe sont de bien proches mémoires (animales) !
Mais pouvoir et sexe sont aussi fers et carcans qui emprisonnent chaque jour un peu plus leurs victimes... Le pouvoir appelle le pouvoir, le sexe appelle le sexe, besoin de toujours plus, jamais assez, sexe et pouvoir sont une parabole dont la naissance pourrait bien être le péché originel...
Pourtant l’investissement que l’on consacre à l’un, comme à l’autre, me semblent dérisoire !
L’homme le plus puissant du monde ne pourra jamais obtenir le consentement d’un autre, si celui-ci s’y refuse opiniatrement ! Il pourra le lui imposer, certes, comme j’impose à cette feuille de papier en la froissant, la déchirant... Imposer en brisant, imposer en détruisant, qu’elle merveilleuse réussite et qu’elle immense satisfaction éprouvée... à deux ans !
La plus belle femme du monde, la plus douce, la plus gentille, la plus perverse aussi, ne pourra jamais apaiser le besoin sexuel de tel ou tel autre qui a fait du sexe son but ultime ! Faire du sexe un objectif me semble d’ailleurs parfaitement antinomique, tant la notion d’objectif sous entend qu’il puisse être atteint, alors qu’avoir le sexe pour « life motive » conduit à un comportement de consommateur compulsif, toujours en quête de nouveaux produits !
L’homme, la femme, qui n’aspirent qu’au pouvoir et au sexe peuvent ils encore entendre le silence fracassant de leur conscience, connaître l’apaisement de leur cœur ? N’ont-ils pas définitivement perdus ces facultés en vendant l’une et stérilisant l’autre ?
J'aspire à la complicité, à la connaissance de l'autre, à l'émulation qui peut naître entre deux êtres qui partagent un objectif, le besoin de faire, le désir de construire, l’envie de créer, de procréer. Enfanter dans l’amour et non dans la douleur, connaître cette douce exaltation qui précède l’accomplissement d’une tâche, aimer un esprit et un corps avant une bite et un con (mais non à la place), donner du sens aux choses pour en ressentir l’essence, partager pour créer un sentiment commun, une richesse intime, c’est cela, pour moi, être un Homme.
Texte écrit suite à la lecture du "Billet d'humour" de Gicerilla ici