L'image
L’image est sensitive.
Je ne parle pas ici de la photographie scientifique, du reportage de guerre, pour lesquels la photographie a pour objectif principal de témoigner d’une complexité ou d’un fait, mais de l’image réalisée sans objectif particulier autre que le partage…
La photographie en appelle à l’émotion, elle ne nécessite pas de compréhension du sujet, elle invite au ressenti… En 1949 Paris Match adoptait pour devise : « Le pouvoir des mots, le choc des photos ». Pas besoin de comprendre les motivations d’une guerre, qui a raison ou qui a tors, pour être choqué par le corps d’un enfant mutilé…
L’image appelle aux sens par des phénomènes réflexes, des associations d’idées. Le rouge, apposé sur des lèvres de femme, évoque le désir, le plaisir, l’amour ou le sexe. Appliqué sur un couteau, un tissu, il évoque le sang, la douleur, le combat… Pour autant le rouge n’est rien qu’une couleur…
La photographie n’est pas la réalité, elle en est tout le contraire. Par le choix des sujets, le jeu des éclairages, la profondeur de champ… elle donne d’une réalité complexe une vision simplifiée, focalisée sur l’objet du partage.
La photographie est une vision édulcorée de la réalité, une vision simplifiée.
L’image révèle.
Elle montre ce qui ne se voit pas du premier coup d’œil, le détail insignifiant… Elle dévoile un élément qui est, sans l’interpréter, avec pour seul désir d’attirer l’attention sur lui.
La perception de cet élément déclenche un sentiment, qui stimule la réflexion… Le cerveau se met en branle, interprète, projette, extrapole… En partant du détail l’environnement est recomposé, réinventé, repositionné dans un contexte qui peut être très différent du contexte initial, et qui diffère selon les individus...
L'image fait rêver...