Pardon madame, pouvez-vous m’indiquer le chemin?
Combien de navires, combien de capitaines…, se perdre en mer pour fuir la réalité?
Partir sans espoir de retour, acheter un aller simple pour ailleurs…
Entrer dans une secte, dans une communauté à l’écart du monde…
Brûler ses papiers, aller dans la rue, ne plus connaître personne, ne plus se connaître, ne plus se reconnaître…
Boire pour oublier… Oublier quoi? J’ai oublié!
Mais qu’est ce qui pousse donc les hommes à se perdre?
Et bien, vois tu, depuis sa naissance l’homme cherche son chemin, se pose des questions… le père, ou le philosophe, lui montrera son chemin… Tout ceci s’appelle le doute existentiel … L’homme se perd car il n’a pas trouvé sa voix… il se perd pour fuir la réalité, par lâcheté, aussi, parfois…
Mais tout ceci n’explique rien, tout ceci n’est qu’excuses ou argumentations, répondez simplement à ma question: pourquoi l’homme se perd? L’homme est il donc si lâche qu’il se perd car il n’ose mettre fin à ses jours? L’homme se perd il car il se cherche, car il n’a d’autre certitude que sa mort, car la vie lui est insupportable?
Non, l’homme se perd car sa vie ne correspond pas à ses attentes…
Mais qu’elles sont donc les attentes de l’homme que peut il espérer d’extraordinaire ici bas, est il idiot au point de ne pas voir que son salut, si salut il doit y avoir, n’est pas sur terre?
Non, l’homme n’est pas idiot, il découvert la science, les mathématiques, la physique… il a percé le mystère de la vie… à présent il sait tant de choses, que ce qu’il ignore lui semble insupportable…
Ainsi la connaissance fait le malheur de l’homme, la voix est dans le renoncement, la misère…
Non, la connaissance est le progrès, le progrès est au service de l’homme, sa vie lui est plus agréable, plus douce, éloignée de la maladie, des fléaux et des guerres…
Alors l’homme se perd car il n’a plus la foi, car le matériel l’a emporté sur le spirituel, car le matériel seul ne suffit pas?
Non, l’homme n’a jamais eu la foi! La foi est une doctrine publique, comme la liberté, un moyen de manipulation des masses… la foi est l’apanage de quelques illuminés, la foi n’est pas et n’a jamais été dans la nature de l’homme!
Mais si l’homme n’a pas de foi, si la science ne peut rien pour lui, si le matériel ne suffit pas à étancher sa soif, à apaiser sa faim, quel est donc l’avenir de l’homme?
L’homme n’a pas d’avenir, l’homme n’a qu’un passé et un présent, l’homme est inscrit dans le temps mais le temps n’est pas inscrit dans l’homme, l’homme est éphémère, l’homme est un battement d’ailes…
Mais si l’homme n’est rien, que peut il redouter? De quoi a t’il donc peur?
L’homme est immense, l’homme peut détruire le monde, l’homme est capable des pires crimes comme des plus belles choses, l’homme est un conflit permanent entre le bien et le mal, le juste et ce qui ne l’est pas, l’homme est …
Mais vous me disiez juste avant que l’homme n’était rien? Je ne comprends, pas, vous me menez en bateau…
L’homme n’est rien par essence, mais l’homme a en lui le pouvoir, et se pouvoir l’effraie… L’homme a peur, non de la mort, non de l’après, l’homme a peur de lui, peur de son propre mystère, peur de ne pas se comprendre, peur de son image… L’homme se cherche et ne se trouve pas! L’homme se perd car en allant au-delà de ses limites il espère découvrir son mystère intérieur… L’homme se perd quand il ne peut aimer assez pour croire en l’autre comme en sa voix, pour trouver en l’autre l’origine de son être propre… L’homme se perd dans les bras de la femme car il y trouve tout à la fois l’apaisement physique de ses ardeurs et la quiétude de l’âme… L’homme qui ne sait pas aimer ne peut pas se trouver.