Et la tendresse bordel ?
La tendresse, voyez-vous, mademoiselle, c’est un peu comme l’amant idéal, tout le monde en parle mais personne ne le connaît vraiment!
La tendresse c’est ce dont on a envie quand on est une fille, et c’est ce que l’on répugne à donner quand on est un garçon, un vrai, un dur, un tatoué, un qui pue!
La tendresse ce n’est pas masculin, ce n’est pas assez viril, c’est faible, c’est fragile, ça sent la fleur d’oranger et c’est emballé dans de la dentelle…
La tendresse ce n’est pas féminin, les femmes sont dynamiques, chefs d’entreprise, libérées, autonomes, maîtresses du monde … à défaut d’être maîtres d’elles-mêmes.
La tendresse c’est contre productif, ça vous empêche de licencier ce gros fainéant sous prétexte qu’il a 58 ans et 4 enfants.
La tendresse est vile, elle rime avec faiblesse, paresse, gentillesse et autres délicatesses dont nous n'avons que faire dans notre société où tout est organisé, pensé, hiérarchisé, catégorisé dans un souci d’efficacité et de productivité, tout en préservant son bilan carbone!
La tendresse est un sentiment désuet qui ne peut convenir à un monde moderne…
Vous dites?
Ha, c’est quoi au juste la tendresse, est-ce un sentiment, est-ce un sens?
Et bien, voyez-vous mademoiselle, la tendresse c’est une envie qui naît au creux du ventre, qui grandi en vous doucement, qui passe par votre cœur, puis qui vous noue la gorge, inonde vos yeux, pour mourir dans vos bras quand vous étreignez l’être aimé…
La tendresse c’est le sens de l’autre comme désir de protection et d’amour.
La tendresse c’est le père avec ses enfants, c’est l’amant avec sa compagne, c’est le fils avec son vieux père, sa vieille mère… La tendresse c’est la mère avec ses enfants, l’amante avec son amoureux, c’est la fille avec ses parents à présent si âgés…
La tendresse c’est cette force au fond de vous qui vous permet de croire et d’espérer en autrui, malgré toutes les misères qu’il a put vous faire et toutes celles qu’il vous fera encore…
Comment, que dites vous ?
La tendresse serait selon vous un sentiment indissociable de la nature humaine qui demeurait caché au fond de nous et qu’il conviendrait de réveiller?
Hélas non mademoiselle.
Si la raison a tué nos sens, la tendresse est morte avec la naissance de notre ego!
Cet ego démesuré qui me fait vous parler comme si j’avais quelque chose à vous dire, comme si j’avais quelque chose à vous enseigner, alors que c’est vous, si jeune, si douce, si belle qui devait tout m’apprendre, à moi, qui ai tout oublié…