Intuition/le Mythe des Daltoniens (joke)

L’intuition est un phénomène complexe, le 6ème sens, celui que l’on a mais que l’on ne maîtrise pas bien du tout…

Imaginons un peuple ou tous seraient daltoniens. Rouge et vert leurs seraient à jamais cachés, et confondus dans un marronnasse quelconque… Imaginons que dans ce peuple naisse un enfant « normal », capable de différencier le vert et le rouge. Cet enfant cherchera à expliquer à son entourage ce qu’il voit, les adultes le considèreront comme malade, ou perturbé, ne comprenant pas… S’il est un peu rebelle, il risque d’entrer en conflit avec son entourage, ne comprenant pas que l’on ne le comprenne pas… A n’en pas douter, au fil du temps, cet enfant deviendra fou, ou capable de faire abstraction de ce qu’il voit… son cerveau s’habituera à ne plus considérer rouge et vert comme deux couleurs mais une seule, il perdra ce sens de la discrimination …
Autre exemple, les aveugles : il est commun de considérer que la perte de la vue leur confère une ouie supérieure à la normale, comme si leur cerveau disposait de plus « place » pour interpréter plus de sons…
Autre exemple, les jeux où l’on doit reconnaître les odeurs. Premier essai : 10-20% de réussite, pas terrible ! Pourquoi ? Parce que nous ne savons pas reconnaître la pêche de la poire, ou parce que le parfum n’est pas tout à fait exact et que nous n’avons pas l’habitude de nous fier à notre seul odorat ? Au fur et à mesure des essais nous allons progresser. Notre cerveau va « apprendre » à reconnaître ces seules odeurs comme étant représentatives de telle ou telle chose…
Et s’il en était de même pour l’intuition ? Si à force de ne pas utiliser ce sens nous avions perdu la faculté de le comprendre ? Si quand par hasard il refait surface, faute d’interpréter correctement ce qu’il nous dit, nous en concluions à chaque fois qu’il nous trompe ? Mais si ce n’était pas notre intuition qui nous trompais mais l’interprétation que nous en avons ? Quand je sens une odeur c’est mon cerveau qui me dit ce qu’elle représente, l’odeur est bien réelle, l’interprétation peut être fausse …
Si on revient à ce que j’ai décrit dans mon premier post sur l’empathie, j’explique l’expérience vécue, et son échec… n’étant même pas parvenu à obtenir un rendez-vous… Je pourrais sans hésitation interpréter cette expérience en disant qu’il faut se garder de ses intuitions car elles conduisent à des souffrances et des échecs bien inutiles…
Pour autant, mon intuition m’a-t-elle trompée ? Je ne pense pas. J’avais bien une perception de l’autre, mais c’est l’interprétation que j’ai faite de cette perception qui était fausse : « ce n’est pas parce que je te comprends que c’est réciproque, ce n’est pas parce que tu me comprends que je t’aime ». Si mon aveuglement avait été moins grand, si j’avais été entraîné à cette perception, j’aurais été capable de faire la part des choses… Par ailleurs, intuition n’empêche pas maladresse : « ce n’est pas parce que je te comprends que je sais comment te parler » … ha que j’aimerais être un mâle adroit au lieu d’être un maladroit …
Et si au fond, toutes les choses inexpliquées qui nous entourent, n’étaient compréhensibles que de notre intuition ? Faute de savoir interpréter correctement cette intuition, elles resteraient des mystères… La science, la biologie, nous expliquent le fonctionnement des êtres vivants… Le mystère de la vie, le doute existentiel, restent néanmoins difficiles à saisir. N’est-ce pas l’intuition du mystère de la vie qui, faute de pouvoir être expliqué, conduit à la croyance en un grand ordonnateur ? La foi ne serait alors pas la croyance en un être supérieur, mais la croyance en une intuition… seule l’interprétation de cette intuition serait fallacieuse.
Notre société s’est construite sur la logique, la raison, la pensée cartésienne. Toute spiritualité a disparu, pas étonnant dans ces conditions que nous soyons incapables d’interpréter nos intuitions… La confiance en nous-même est aussi un élément nécessaire. Si nous n’avons pas confiance en la réalité de notre intuition, si nous nous obstinons à ne pas y croire, nous ne risquons pas de pouvoir la comprendre…
Alors, si on remplaçait les questions par la confiance, le doute par l’intuition, à défaut de faire notre bonheur, cela ne nous aiderait-il pas à en trouver le chemin ?