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Cacophonies élémentaires
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2 décembre 2009

Odeurs de pets odeurs de pieds…

Et ce n’est pas sans un certain sourire que j’imagine vos minois déconfis à la lecture de ce titre, mesdemoiselles et mesdames…
Serait-il devenu fou? Plonge t’il dans la goret-attitude, va t’il nous jouer du Bigard?
Pas loin, mais continuez, vous comprendrez pourquoi…
Odeurs de pets, odeurs de pieds sont les odeurs… de mon service militaire!
Et oui, je suis de la génération qui l’a fait, si vous m’imaginiez en trentenaire frivole, sortez vos mouchoirs, il faudra rajouter quelques années au compteur…
Donc, oui, j’en suis ! Je fais partie de cette dernière génération qui a connu le bonheur de se réveiller à 5h30 le matin, pour aller déjeuner de nuit dans une sale froide, pour aller se doucher de nuit dans des douches publiques, ou grivoiseries et tapes sur les fesses faisaient bon ménage, dans une ambiance de … franche camaraderie!
Lever 5h30 disais-je, pour se rendre compte que malgré l’odeur… on avait survécu!
La chambrée n’était pas immense, mais nous étions quand même huit, huit jeunes et beaux mâles affamés de cassoulet et de cavalcades nocturnes, buvant de la bière comme d’autres boivent de la Contrex... je vous laisse imaginer l’odeur!
L’aube naissante, disais-je, voyait nos corps d’athlètes (surtout le miens, faut vous dire que j’ai faits mon service sur le tard et que mes camarades, tout aussi attardés que moi, avaient déjà commencés à se faire grignoter le cœur…) enfiler nos t-shirts, revêtir nos treillis, chausser nos Randgers pour partir en chantant écouter l’adjudant… 
Nous étions jeunes et larges d’épaules on the cours d’honneur again (ben quoi, il y a pas de raison), à défiler comme des malpropres au son de la trompette, au rythme des tambours…
Fallait voir la cohorte, en 5 semaines de classe je n’ai jamais su marcher au pas, et je n’étais pas le seul…. Dire que nous ne ressemblions à rien est un euphémisme, nous ne ressemblions à rien de militaire, forcément, nous étions… du service de santé!
Mais néanmoins, ce troupeau incoordonné auquel j’appartenais, faisait tout son possible, pour jouer le jeu, défiler fièrement, faire honneur au pays!
Car vous ne pouvez pas vous imaginer, mesdames, ce que votre absence peut-être… salutaire!
Qui n’a pas connu la vie en groupe d’hommes ne peut pas comprendre!
Nous étions entre nous, entre mâles, à faire des blagues grivoises, à péter bruyamment, à puer des pieds, et à être bien ainsi!
Qui n’a pas vécu ça ne peut imaginer à quel point la vie ainsi vaut d’être vécue… au moins quelques instants… Tout devient simple, le matin, il faut se lever, pas le temps de se poser de questions, on est à la bourre… Le petit déjeuner est plaisant, après une douche froide, après avoir rangé sa chambre, après avoir lacé ses Rangers, c’est un plaisir de s’asseoir pour souffler un peu, devant un café chaud, un bout de pain frais, un peu de beurre, beaucoup de confiture… Bien vite il faut se lever, poser son plateau, aller en salle de cours, au pas cadencé, en troupeau constitué… En salle de cours l’adjudant nous instruit… pauvre adjudant, persuadé de son rôle, de sa mission, il connaît ses limites, il est à peine plus âgé que nous, mais complexé par la situation… instruire médecins, pharmaciens et véto n’est pas une mince affaire… et pourtant nous l’écoutions, un sourire amusé aux lèvres, nous expliquer que les VMF sont les surnoms des filles militaires (vilaines mais féminines) alors que la devise de la marine est «de la peinture plus de la merde égale du neuf»… Nous l’écoutions sagement, et nous finirons par le trouver attachant, nous finirons par être son équipe, ses gars, qui feront de leur mieux une course d’orientation débile, pour ramener des points, pour qu’il soit le premier, pour qu’il ait de l’avancement…
Et déjà 11h30, bien vite il faut aller manger…
Le troupeau se dirige en cadence vers le réfectoire, ça rigole, ça chante… il pleut!
Midi, on a fini, une heure à tuer, les plus courageux écrivent à leur belle, les autres font du tir, parait que ça rapporte des points au classement final, celui qui nous permettra de choisir notre affectation…
Treize heures, au son de la fanfare on défile un petit coup et on repart en cours… On apprend cette fois que le taux de pertes humaines sur une journée de combat est de 3%, et qu’il faut donc prévoir tant de lits, tant de compresses, tant et tant de choses qui nous semblent tout aussi abstraites que ce bon vieux cycle de Krebs…
Dix-sept heures on est libres, on passe se changer en vitesse, se doucher, faut pas traîner, car à l’armée… on mange à 17h30!
Imaginez la vie, le souper fini à 18h!
On décrit souvent l’armée comme un endroit ou il faut se lever tôt… mais ce n’est pas le pire! Le pire est de souper à 17h30!
Dix-huit heures donc, nous voilà libres, douchés de frais, la ville nous attend…
Qualifier Libourne de ville est lui faire honneur... mais, au fond, de quoi avions-nous besoin? 
De bistrots bien sûr, de bistrots et de bière, de bière, de bière et encore de bière!
Voyez-vous, mesdames, c’est à cette époque que j’ai découverts le premier bienfait de la bière: on ne peut pas en mourir! Car, contrairement aux autres alcools, il est quasiment impossible pour un mâle normalement constitué de faire un coma éthylique à la bière… non par manque de matière, mais par manque de capacité à la pisser!
Car voyez-vous, la bière, le problème n’est pas de la boire, le problème est d’avoir le temps de la pisser!
Imaginez 200 troufions assaillant 4 ou 5 bistrots d’une petite ville, et devant pisser en quelques heures quelques mille litres de bière… Vous comprendrez ainsi le défit posé à la sécurité civile: faire respecter l’ordre… sans coffrer ces jeûnes gens! 
Arrivés au bistrot à dix neuf heures, nous étions pochetronés à vingt et une! 
Combien de principes philosophiques ont pu être débattus dans les murs de cette citée en quelques heures… combien de combats impossibles ont été menés face à des urinoirs débordants de plaisir… je vous laisse imaginer…
Et donc, toujours entre mâles, je n’ai pas honte de le dire, nous étions bien! Nous touchions du doigt ce qu’était le bonheur, surtout quand on avait le courage d’aller voir Consuela, qui nous permettait aussi de toucher ses seins, moyennant une bouteille de champagne… dont le prix défiait toute concurrence… (la saveur aussi!). Mais c’est une autre histoire, que je vous compterai peut-être, si… vous êtes gentilles avec moi :p

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Commentaires
P
@Alouette: ok, peut etre, faut voir :)<br /> <br /> @Volcane: j'en suis ravi<br /> <br /> @chilina: je ne pensais pas avoir un tel succès...
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C
A deux ..<br /> Lu avec une amie au téléphone qui le lisait en même temps..Vraiment un bon moment !
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V
Tu m'as touchée au point sensible ;)<br /> Merci.
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A
Ma plus jolie plume contre la suite aux senteurs plus croustillantes...
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P
@home: tu ne fréquentes pas assez les bancs de l'école :p<br /> <br /> @charivarii: du coup on se vouvoie... j'ai quand même pas l'age d'être votre père! (enfin, je crois pas)(sourire)<br /> <br /> @Mill ECA: ouais, bon, j'avoue, j'ai un peu honte de dire bienvenue sur un billet comme celui-ci, mais pourtant, c'est aussi ça la vie... d'un brun!
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