Miroir...
Miroir, dis moi que je suis la plus belle…
Miroir de mes envies, dis moi ce que je veux entendre
Miroir de mes doutes et phobies, absorbe ces images derrière ton écran argenté
Miroir fantasque, miroir de foire au trône, miroir aux alouettes…
Amour, dis moi que je suis la plus belle…
Amour, donne moi confiance, aide-moi à trouver le chemin
Amour, c’est ta force qui me transcende, c’est dans tes yeux que je suis la plus belle, c’est pour toi seul que je veux être la plus belle…
Qu’il est facile de disserter sur son image et le regard des autres… qu’il est difficile d’accepter cette image et le regard des autres… Point n’est question ici de doutes, sentiments, questions existentielles… juste question d’image.
Dans notre société moderne le déballage sentimental, les ébats d’âmes… sont bien plus aisés à mettre en scène sur la place publique que notre apparence physique. Cela ne mérite t il pas question ? Comment a-t-on pu arriver à un stade ou il est plus facile de mettre à nu ses sentiments que son corps ?
Nos sentiments sont le reflet de nous même, nos sentiments nous définissent et nous caractérisent, nos sentiments font de nous ce que nous sommes, mais notre corps, notre apparence physique, que représentent ils ? S’il est impossible de trouver deux individus identiques par leur mode de pensée, leur sensibilité, il est aisé de trouver deux corps semblables… En quoi donc ce corps nous fait il peur au point que nous n’osons le montrer ? Pourquoi est on qualifié d’exhibitionniste quand on montre son corps et non quand on déballe ses états d’âmes ? Plusieurs hypothèses peuvent être envisagées, voyons en quelques unes…
La première explication de cette phobie du corps pourrait être liée à l’hypersexualité ambiante… bof bof bof ! Cette hypothèse est, à la rigueur, une bonne excuse pour la gent féminine : « si je mets une photo de moi je vais recevoir 250 demandes par jour »… mouais… mais pour les hommes ? Et même pour les femmes, si toutes dévoilaient leur image, la banalisation qui en résulterait, ne conduirait plus à ce « harcèlement ». Il me semble donc trop « facile » de reporter ce refus d’acceptation de son image sur la société… Il me semble qu’on baizouillait au moins autant à l’époque de Pénélope, et force est de constater que nudité et érotisme étaient en ce temps là d’un commun affligeant…
Une deuxième explication pourrait au contraire provenir de la banalisation qui résulterait de cette attitude… On l’a dit, nous sommes unique par nos sentiments, notre façon de penser, mais nos corps se ressemblent beaucoup… Ce serait alors bien l’absence d’originalité qui serait à l’origine de la peur de notre image. Peur de perdre son identité, peur d’être confondu dans la foule, peur d’être transparent, peur de ne pas Être… La peur de son image serait alors à associer au doute existentiel… toujours lui, omniprésent… mais insoluble ! Alors, non, cette explication ne me satisfait pas non plus… Si nous sommes unique par notre façon de penser, les questions que nous nous posons sont très souvent les mêmes, et donc si nous acceptons de déballer ces questions, au fond si « communes », sans crainte pour leur « banalité », c’est bien que ce n’est pas un doute existentiel qui explique notre refus d’acceptation de notre apparence physique.
Une troisième explication pourrait être la plus grande difficulté qu’il y a à tricher avec son apparence physique… Je peux vous dire que je suis mince blond musclé et sportif, il me sera plus difficile de vous le faire croire en vous montrant une photo de moi… Alors bien sur on peut tricher, mettre une image bidon, mais c’est bien la preuve que l’on renie sa propre image. Alors bien sur il y a la chirurgie esthétique, qui va nous permettre de gommer certains défauts, de paraître plus proche de l’image que l’on voudrait donner de soi, mais tout cela n’est qu’artifice mineur, qui démontre bien à quel point il est difficile d’accepter son image.
Ainsi, de toutes les hypothèses évoquées, c’est bien cette dernière qui me semble la plus réaliste… On refuse d'accepter son image car il est plus difficile de tricher avec elle ! Notre société est certes hypersexuelle, mais elle est encore plus bluff, vent, faux semblants et hypocrisie… Dans un monde du mensonge il est bien plus aisé de faire entendre folie à notre raison qu’à nos sens… La raison qui nous a construit, qui a permis l’arrivée des « temps modernes », ne serait-elle pas en train de nous trahir ? La cérébralisation de toute chose, au dépend de leur sensualisation (néologisme revendiqué), ne serait elle pas en train de nous perdre ? Le refus d’acceptation de sa propre image n’est il pas au fond pathognomonique d’un refus généralisé de l’écoute de ses sens, de ses intuitions ? Et si au final accepter sa propre image était, au-delà d’une étape nécessaire à l’acceptation de soi, une étape indispensable à notre évolution sensuelle, à l’acquisition d’une spiritualité différente, plus orientée vers l’écoute de nos sens et de nos intuitions que de notre seule raison ?