Pulsions et morale
Pulsions... que la morale combat !
« Tu ne tueras point », ben oui, sinon ce serait le bordel en ville si chaque fois qu’un gros con te faisait une crasse au volant tu sortais ton flingue, donc la morale nous apprend à ne pas tuer ! C’est assez universel et assez bien accepté...
« Tu ne forniqueras pas avec ta mère ou ta sœur », car sinon ça donne des enfants monstrueux, on n’est pas des pigeons ! Bon, ça aussi c’est assez communément accepté, là encore la morale a bien fait son travail !
« Tu ne te foutras pas trois tonnes de crédits sur le dos car sinon tu ne pourras pas payer »... Là ça commence à ne plus trop marcher ! On pourrait même dire qu’il y a toute une économie dont l’objectif semble être de mettre à la rue les pauvres gens, qui du coup le deviennent un peu plus ! « Tu exploiteras ton prochain autant que tu pourras » devenant l’adage de rigueur !
« Tu ne forniqueras pas en dehors du mariage », car tu risques de choper la chtouille et de la filer à ta femme (ou ton homme), et puis quand on s’est juré fidélité c’est mentir et mentir c’est pas beau ! Seulement voilà, ça tu en as trop envie, et puis une petite voix te dis qu’en prenant quelques précautions, ni vu ni connu, et « il n’y a pas de mal à se faire du bien », et « sucer c’est tromper » ?
La gestion des pulsions est en définitive un mécanisme complexe, où la morale a sa place, le désir la sienne, et ou chacun pondère en fonction de son vécu et de sa propre échelle de valeurs... Rien de neuf sous le soleil me direz vous... certes ! Mais si on accepte le principe que chacun se comporte plus ou moins selon sa propre échelle de valeurs, il devient plus facile de comprendre pourquoi l’infidélité est un sport national alors que le meurtre reste assez limité ! Parce que derrière la morale, derrière le bien et le mal, derrière le blanc et le noir, se cache l’acceptable, le gris, avec toutes ses nuances !
Comme la vérité, qui n’existe pas, le bien et le mal n’existent pas, chacun a une vision personnelle du tolérable : pour lui, pour les autres.
Ce n’est pas l’acte qui compte mais le sentiment auquel il renvoie !
La morale n’existe pas, elle est le plus petit commun dénominateur multiple d’un groupe d’individus, plus ou moins névrosés et compulsifs !
Dieu étant mort depuis pas mal de temps, la vérité étant inaccessible ou inexistante, le bien et le mal, la morale n’étant qu’un ensemble de conventions plus ou moins élastiques, que reste t’il à l’homme ?
L’amour ?
Bof !
Si on considère que l’amour n’est qu’un mot qui recouvre un large panel de sentiments dont le désir charnel, les liens de filiation et la satisfaction du plaisir narcissique constituent la grande majorité de la problématique, il est difficile de croire que l’amour sauvera un jour le monde...
Pire que le doute existentiel, le doute du monde en devenir s’installe...
Je ne sais pas qui je suis, ni d’où je viens, ni où je vais, ni pourquoi ou comment j’y vais, mais il y a pire encore : l’homme, l’humanité, le monde en sont de même !
Dans un tel contexte comment imaginer instruire le combat des pulsions par la morale ou l’éducation ?
Et que l’on ne me rétorque pas que cette méthode a fait ses preuves autrefois, car autrefois la terre était plate !