Du bonheur d'être plâtrier
Je te malaxe, je te triture,
Et sous mes doigts, tu prends tournure.
Te voilà prête, pâte à enduire,
Tu es si douce, pâte à reluire.
Je t’aplati moi l’ouvrier,
Tu te soumets sans plus lutter !
Et je t’écrase et te pétri,
Docilement tu m’obéis.
Mais voici donc qu’à fair’ besogne,
Tu te raidies, quand je te cogne !
Tu ne veux plus, je le sens bien,
Tu es à bout, tu n’y peux rien !
Qu’à cela ne tienne, j’ai une astuce,
Un peu d’eau chaude et tu me suces !
Te revoilà souple et conquise,
Entre mes doigts tu es soumise.
Quelques instants je peux encore,
Jouir de toi, besogner fort.
Tu es plus sèche, je le sens bien,
Ca va finir, il le faut bien !
Et vient l’instant tant redouté,
Tu n’en peux plus, plus rien n’y fait !
Aucune astuce, aucun effort,
Ne te rendra cette souplesse,
Qui fait de toi sacrée diablesse,
La pâte dont on bâtit les forts.