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Cacophonies élémentaires
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25 janvier 2010

Etangs d’escouards

Voici plusieurs années que je voulais repartir en montagne, marcher, mais aussi pêcher, pêcher à la mouche artificielle dans des étangs d’altitude ! J’avais découverts cette activité une quinzaine d’année auparavant avec des camarades de lycée, et depuis aucune occasion de renouveler cette « aventure » ne s’était représentée… Je parle bien sur de la pêche dans des étangs au-delà de mille mètres, dont l’accès est réservé aux personnes motivées, qui ne sont pas effrayées par plus de cinq heures de marche avec des sacs à dos de quinze kilo…
La difficulté de monter ce genre d’expédition n’étant pas tant physique que logistique : se retrouver à plusieurs sur un créneau météo favorable !
Quelques coups de fils passés de droite et de gauche, mon idée plaisait… Tous les candidats au départ n’étaient pas pêcheurs, mais tous et toutes d’anciens camarades de lycée, attirés par l’idée de se retrouver quinze ans après dans des circonstances originales… Sur une dizaine d’appels, cinq avaient répondus présents, deux filles et trois garçons.
La date fatidique approchait, le sac à dos était épousseté, les rangers cirés, le sac de couchage aéré, les provisions de bouches listées, le réchaud révisé… il ne restait plus que la tente à acheter ! Une visite dans différents magasins me conduit à opter pour un modèle une place et demi confort, pas trop lourde, assez spacieuse pour héberger les sacs, voire dormir à deux si besoin était.
Restait à préparer les leurres… mouches artificielles construites de plumes, de poils et de fils, dont l’allure évoquerait les insectes présents… Une inspection dans ma boite à mouche de rivière, accompagnée d’une petite recherche Internet, me montra bien vite qu’il faudrait réaliser des spécimens spécifiques au projet… Qu’à cela ne tienne, je disposais du matériel, du savoir faire, et quelques soirées plus tard une quinzaine de leurres s’alignait gentiment dans une boite. Ma canne de dix pieds était prête, je fis l’acquisition de deux queues de rat toutes neuves, une bobine de fil de douze centièmes, j’étais fin prêt… et comptais les jours !
Hélas dans tout projet il faut compter avec les impondérables, la première date envisagée s’avéra impossible, plusieurs orages étant annoncés. Nous étions au début de l’été, une deuxième date fut projetée…
Partir en juillet en montagne n’a rien d’extraordinaire, mais organiser un départ à cing pour cinq jours dont trois jours en autonomie relève de la quadrature du cercle ! Une des camarades prévue se dégonflait : elle venait de faire un week-end de marche, était épuisée, avec des ampoules aux pieds, elle réalisait qu’elle ne serait pas capable de tenir le rythme… Bon, nous étions encore quatre… Deuxième appel, deuxième déception : « tu comprends, je suis souvent en déplacement, ma femme me fait la tête, je ne voudrai pas … » mais oui, je comprends, ne t’inquiète pas, nous partirons à trois !
Nous étions la veille du départ, la météo semblait favorable, mes sacs étaient prêts, je trépignais d’impatience, rendez vous téléphonique était fixé au lendemain matin, pour faire la route en voiture jusqu’à un gîte proche de notre point de départ, histoire de démarrer à l’aube…
Ne restaient plus comme valeureux combattants qu’un ami pêcheur, avec qui j’avais réalisé ma première expédition plusieurs années au préalable, et une copine de toujours, avec qui j’avais passé tous mes étés depuis l’enfance, jusqu’à l’age de vingt ans… Deux vrais amis, perdus de vue depuis de nombreuses années, mais sur qui je pouvais comptais…
La nuit fut agitée, je dormis peu, rêvant de toutes ces truites qui m’attendaient… Le matin du départ, nouveau coup de fil : mon camarade pêcheur ne pouvait venir, un problème de santé survenu pendant la nuit dans sa famille le rendait indisponible !
Il est des circonstances dans la vie que l’on ne peut choisir, cette succession de désistements était peut-être le signe que cette expédition ne devait pas se faire… J’appelais la seule qui restait en liste pour lui annoncer à mon grand désespoir que la sortie était une fois de plus reportée… « Mais comment, tu te dégonfles, on peut bien partir à deux, rappelle toi quand nous étions enfants, je t’accompagnais bien à la pêche… » Et c’était vrai ! Enfants elle me suivait à la pêche, j’avais eu beau lui expliquer des dizaines de fois comment monter une ligne au coup elle n’y arrivait jamais, mais elle suivait, patiente, et pêchait, non sans un certain succès… De mon coté je l’accompagnais chez son oncle, propriétaire d’un centre équestre, elle montait à cheval, j’avais trop peur à l’époque, j’attendais en jouant dans le foin… Notre enfance avait ainsi passé, d’été en été, jusqu’à l’adolescence… Grande, maigre, un appareil dentaire, dépourvue de poitrine, elle n’intéressait pas les garçons, et ne les cherchait pas… Un peu maladroit, timide, je n’osais m’approcher des filles… Nos études après le bac nous avaient séparés, mais nous étions restés en contact, nous informant des naissances de nos enfants réciproques, s’échangeant quelques photos… Alors, oui, après tout, pourquoi pas, nous pouvions bien partir à deux… l’affaire était entendue, le moral revenu.
Arrivé en début d’après midi au gîte d’où nous devions partir le lendemain, je l’attendais, me demandant comment ce séjour pourrait bien se passer … Voilà des années que nous ne nous étions vus, elle montait toujours à cheval, m’avait assuré faire des marches dans les Alpes, autour du chalet de ses parents, elle avait préparé ses affaires, tout devait aller bien… J’étais pourtant un peu inquiet, trois jours d’autonomie, mon sac pesait dix-huit kilos au lieu des quinze théoriques, comment serait le siens, arriverait-elle à le porter ?
J’étais en train de vérifier mon barda quand une voiture entra dans la cours en faisant crisser les graviers. Une jeune femme en descendis, c’était elle !
Comme elle avait changé, toujours mince, les cheveux mi-longs, ses yeux bleus pétillaient toujours autant, mais sa silhouette de grande asperge n’était plus la même. Une femme était en face de moi, taille fine, poitrine modeste, mais silhouette et démarche féminine… Elle semblait encore plus fragile qu’avant, mais tout aussi déterminée, une intense énergie émanait de cette femme, l’énergie de la détermination, la force de la volonté…
« Tu es superbe » lui dis-je pour l’accueillir, « Tu as beaucoup changé aussi » me fit-elle en réponse, un sourire moqueur aux lèvres… Nos chamailleries d’enfance puis d’adolescence me revinrent en mémoire, c’était bien elle, toujours aussi moqueuse, aussi taquine…
Je décidai de ne pas embrayer sur ce ton, et d’aller à l’essentiel : « Tu es prêtes, ton sac est bouclé, tu veux qu’on en face ensemble l’inventaire, il pèse combien ? » Un sourire sarcastique remplaça son sourire moqueur : «  Oui, rassure toi, je suis prête, et ne t’inquiète pas, je devrais tenir le coup, je ne t’ai pas dis, mais voici plusieurs été que nous partons avec mon mari faire des randonnées en Mongolie ».
Ha, évidement, vu sous cet angle, ce serait peut être moi le maillon faible de l’équipe…
Devinant mon sentiment elle en rajouta une couche : « mais ne t’inquiète pas, on ira à ton rythme… »
Et bien, cela s’annonçait prometteur… voici deux minutes à peine que nous nous étions retrouvés et les hostilités étaient déjà bien engagées ! Je décidai de changer de sujet, et lui proposai de regarder les cartes « Volontiers » me dit-elle, « il est préférable d’être deux à connaître l’itinéraire ». Le ton était neutre, il n’y avait pas moquerie derrière, ouf…
La soirée passa vite, le gîte était confortable, une vieille dame s’en occupait, elle accueillait souvent des randonneurs, c’était pour elle un petit complément… Nous décidâmes de nous coucher tôt, le réveil sonnerait demain à cinq heures…
Bien que ma nuit précédente fût agitée, cette dernière nuit dans un lit ne fut pas des plus calmes… La chaleur était étouffante, mon sac de couchage était prévu pour une température de zéro degrés Celcius, il devait en faire vingt… Des odeurs de brûlé montaient à mes narines, je dormis peu, et mal !

La sonnerie du réveil fut comme un soulagement, je descendis de mon lit, et trouvai mon amie habillée, prête à partir.
« Tu as bien dormi ? » lui chuchotai-je à l’oreille pour ne pas réveiller les autres randonneurs « Non, mais ce n’est pas grave, tu es prêt ? ». Je l’étais, du moins il me restait à chausser mes rangers, et deux minutes après nous sortions dans la cour…
Il faisait encore nuit, une légère clarté pointant à l’horizon, l’air était frais, le respirer nous fit le plus grand bien… Nous partions pour trois jours, mon rêve démarrait enfin, un sentiment d’inquiétude nouait pourtant mon estomac : comment cela se passerait-il ?
Le chemin de castine emprunté à notre sortir de la cours du gîte fit vite place à un large sentier, qui grimpait le long des près, derrière un petit mur de pierre. Le jour commençait à poindre lorsque nous abordâmes les bois. Le chemin était facile, Virginie avançait d’un bon pas, je la suivais à quelques mètres. Aucun mot n’avait été échangé depuis notre départ, nous avancions vite, un peu trop à mon goût, mais je ne voulais rien dire. Il devait être sept heures quand nous arrivâmes à une clairière qu’un rayon de soleil éclairait. La rosée était partout présente, les odeurs de sous bois délicieuses. D’un commun accord tacite nous décidâmes de faire halte en ces lieux pour prendre notre petit déjeuner. Voilà déjà presque deux heures que nous marchions, la barre de céréale prévue à cet effet fut rapidement engloutie, Virginie me tournait le dos, elle semblait rêveuse. « Tu ne manges pas ? » lui demandais-je ? « Je n’ai pas faim ». Je n’insistais pas, elle pensait peut-être à ses enfants, peut-être regrettait-elle de m’avoir accompagné, peut-être avait-elle peur de s’ennuyer trois jours avec moi… j’étais tout à mes interrogations quand elle se retourna pour me dire, un sourire aux lèvres : « on y va ? ».
« Oui, on y va », le sac repris sa place, ses rembourrages larges épousaient parfaitement mon dos, les sangles bien ajustées, je le sentais à peine, et pourtant, il faisait dix-huit kilos ! Le plus gênant dans mon paquetage était les cannes à pêche… Elles étaient constituées de trois manchons de un mètre environ, que j’avais rangés, pour les protéger, dans un étuis de pvc équipé de deux bouchons. Une sangle permettait de porter le tout en bandoulière, c’était pratique sur de courtes distances, mais commençait à devenir pénible sur un périple en montagne, surtout à la vitesse à laquelle nous allions…
Nous marchions toujours d’un bon pas quand le premier étang se dévoila à nos yeux. Il devait faire une dizaine d’hectares, c’était un barrage de retenue duquel s’écoulait le ruisseau que nous avions longé en montant, ainsi qu’une grosse conduite forcée pour la production d’électricité. Le site était plaisant, des arbres bordaient un coté de l’étang, l’autre était plus caillouteux. Deux tentes étaient visibles entre les arbres, la première juste sur le bord du chemin. Un pêcheur s’affairait à quelques mètres. Il péchait au lancer, je m’approchai pour discuter… Lui et son frère venaient de Toulouse, ils péchaient au vairon mort, ils s’étaient arrêtés là, ne souhaitant pas aller plus loin. La pêche était bonne, cristivomers ou truites constituaient leurs repas. Un beau spécimen était allongé dans l’herbe à coté de lui.
L’envie de me joindre à eux se fit en moi.
Je retournai voir Virginie pour lui proposer de nous arrêter là, pour voir. « Tu rigoles, je croyais qu’on devait aller dans des lacs d’altitude, pas s’arrêter à coté des voitures ! » Je voulu argumenter que nous avions le temps, qu’il semblait qu’ici ça mordait, mais je n’osai la contrarier. Je répondis donc : « Oui tu as raison, je vais leur dire que nous continuons ». Quelques mots échangés avec le confrère, me revoilà sur le chemin, courant presque derrière mon amie qui ne m’avait pas attendu pour reprendre la route…
Il était à peu prés dix heures quand nous décidâmes de faire halte. J’avais faim, néanmoins mon paquetage ne prévoyait pas de déjeuner de dix heures… je me contentai donc de quelques gorgées d’eau. « Tu es en forme dis-moi » dis-je en m’adressant à Virginie. Elle se retourna vers moi en souriant : « Oui, merci, ça va. Si je vais trop vite dis le moi ». Nous entamâmes un bref échange durant lequel je lui fis part du poids de mon sac, du coté encombrant des canes à pêches… « Toujours aussi chochotte on dirait ». Je fis un rictus et répondis « Toujours aussi aimable ».
L’ambiance était au beau … je me demandais qui étriperait l’autre avant la fin, je ne nous voyais pas continuer ainsi pendant trois jours…
Un coup d’œil sur la carte nous ayant informé que nous n’étions plus qu’a environ une heure du premier étang où nous devions nous arrêter, nous reprîmes le chemin sans mot dire.
Le sentier était devenu de plus en plus difficile, les pierriers se succédaient, un chaos nous faisait face, j’étais fatigué, le soleil commençait à se faire ardent, la sueur coulait sur mon front. Virginie continuait à tracer devant, comme si de rien n’était, elle sautait de rochers en rochers… A ce moment précis je ne pus m’empêcher de regretter d’être parti… J’aurai du remettre à plus tard, partir avec mon copain, on se serait arrêté au premier étang, on n’était pas aux pièces tout de même…
Devinant ma fatigue Virginie avait ralenti l’allure, nous continuions d’un bon pas, mais je souffrais un peu moins…
Dans un chaos plus pénible que les précédents je trébuchais et tombais en me lacérant le coude. La douleur me fit lâcher un juron. Virginie se retourna et voyant le sang qui coulait sembla prise d’une soudaine compassion : « Tu t’es fait mal ? ça saigne, tu ne t’es pas cassé le coude au moins ? ». Cette sollicitude soudaine me fit plaisir. Je la rassurai sur mon état, ce n’était qu’une éraflure.
Nous reprîmes la route et quelques instants plus tard nous arrivâmes à l’étang tant attendu. Un coup d’œil à la montre, il était presque treize heures.
D’un regard circulaire je cherchai une zone où nous arrêter.
Le plan de route était simple, trois étangs, un jour par étang, coup du soir et coup du matin, il fallait donc trouver de quoi se poser pour presque vingt quatre heures.
A deux mille mètres d’altitude la végétation varie fortement selon les endroits. Ici ne restaient que de rares zones d’herbe rase entre les pierriers. L’étang lui-même était splendide, d’une eau à la fois claire et noire, il paraissait d’une profondeur infinie… Un névé d’une cinquantaine de mètres persistait au nord.
A une centaine de mètres, une zone un peu plus plate que les autres semblait disponible, nous poussâmes jusqu’à ce point pour installer le bivouac.
Quand on randonne ainsi le repas de midi est toujours frugal. Toutefois, nous étions le premier jour, et je m’étais donc préparé un sandwich accompagné d’une pomme. Je m’assis pour consommer ce festin face au lac, à la recherche de gobages… J’attendais Virginie pour commencer. Je me retournais pour regarder où elle était passée. Partie faire pipi sans doute … Une dizaine de minutes s’écoulèrent ainsi, toujours personne… Je me levais, son sac était posé à coté du miens, je jetais un coup d’œil circulaire et vis sur la crête, à cinq cent mètres environ, une silhouette qui se dessinait… C’était bien elle, partie sans rien dire, partie explorer, partie loin de moi !
Je ressentis sur le coup un vif sentiment de colère. On ne fonctionne pas ainsi en expédition ! Mais s’énerver ne sert à rien, j’avais faim, je me mis donc à manger !
Le repas fut vite englouti, malgré l’absence de gobage je décidais de me mettre à pêcher…
J’essayais plusieurs mouches, rien à faire, aucun poisson ne montait sur mes leurres artificiels…
Voyant des petits vairons qui suçaient les cailloux je décidais de transformer ma canne à mouche en canne au coup, afin d’en attraper quelques uns pour tenter la pêche au vairon casqué ! La prise des appâts fut aisée, ils se jetaient sur le moindre morceau de sauterelle ! Je montais alors ma deuxième canne, un lancer, que j’équipais d’un vairon mort. Au bout de quelques essais ma première touche ! Le poisson était ferré au large, il prenait du fil pour plonger vers les profondeurs de l’étang… Après quelques minutes de combat acharné je ramenais une truite d’une bonne quarantaine de centimètres ! L’après midi se poursuivit ainsi, avec de nombreuses prises que je relâchais, n’en conservant que deux pour le repas du soir.
Le soleil venait de passer derrière un sommet quand je repensai à Virginie. Mais où était-elle donc passée ? Pourvu qu’elle ne se soit pas blessée…
Le froid commençait à tomber, je décidais de monter les tentes.
Ma tente était assez spacieuse pour une personne seule, la sienne était un palace : une deux places !
Un peu surpris de voir un tel engin, j’avais bien prévenu que chacun prendrait sa tente, je lui montais son « dortoir » à quelques mètres du miens, l’espace entre nous étant pris par le feu et les sacs…
La nuit était presque tombée quand Virginie refit surface. Elle semblait épuisée, son regard était las, des traces de larmes perceptibles sur ses joues.
Mon courroux lié à son comportement avait beau être grand, il fondit comme neige au soleil devant ce triste spectacle. Ne sachant que dire je lui demandais bêtement : « ça va ? » Elle me répondit « oui, merci ». Il était pourtant évident que non, ça n’allait pas, mais que dire ? J’embrayais sur des considérations matérielles, plus à l’aise en logistique qu’en sentiments… « J’ai pris deux grosses truites, une pour chacun, je vais les faire cuire ». N’obtenant pas de réponse, je repris : « je t’ai monté ta tente, si tu veux vérifier que je ne me suis pas trompé… ». Son visage se retourna vers moi et elle me sourit avec lassitude : « merci, tu es gentil, je vais voir ».
La cuisson des poissons fut rapide, un peu de riz accompagnerait ce repas, j’avais prévu large. On s’installa auprès du feu, j’étais affamé ! La truite était délicieuse, le riz bien cuit, pas si mal pour du campement à deux milles mètres d’altitude. J’avais presque fini, quand Virginie me dit : « si tu veux finir, je n’ai plus faim ». Elle n’avait rien mangé, une bouchée de truite, une cuillère de riz… Je ne pouvais continuer à ignorer son état et entrepris de lui parler…
Je commençais la discussion sur nos souvenirs d’enfance, nos pêches au bord de l’étang, les poissons cramés, les balades sur un radeau improvisé constitué de bidons… peu à peu je voyais la lumière revenir dans ses yeux. Elle prenait part à la conversation, rapportait ses souvenirs, ma première chute de cheval, à onze ans, en toboggan le long de l’encolure d’une vieille jument, ma honte… La confiance s’installait peu à peu… J’osais alors lui demander : « dis moi, qu’est ce qui te rend si triste ? ». Elle fondit en larme, son mari venait de la quitter pour une « gamine de vingt ans », la laissant avec deux enfants de trois et cinq ans… J’essayais un hypothétique « il changera peut-être d’avis » mais elle me confia que leur relation était pourrie depuis la naissance de Tom, son dernier, que Paul, son mari, s’était mis à boire, ne rentrait que tard le soir, découchait souvent… Je pensais au fond de moi que s’il était parti ce n’était peut-être pas plus mal, mais me gardait de tout commentaire… nous discutâmes ainsi une ou deux heures avant d’aller nous coucher.
En montagne les nuits sont fraîches, j’ai pris l’habitude de dormir habillé ! Après une sommaire toilette au bord de l’eau je me glissais dans mon sac, et criais « bonne nuit, essaie de dormir » à Virginie, à deux pas de moi…
Mon début de nuit fut paisible, mais sur le matin, le froid se fit sentir, je m’éveillai. Je regardai la montre : cinq heures, trop tôt ! Pas un bruit à coté, je repensais à Virginie, notre enfance, sa tristesse, je me demandais si elle avait froid, elle aussi… J’étais plus ou moins retombé dans un sommeil léger, quand je me rendis compte que le jour perçait à travers le tissus de la tente : sept heures !
Je décidais de me lever, pour profiter de l’arrivée du soleil sur le lac…
Virginie était déjà debout, elle faisait du café.
Elle me dit « Bonjour » d’un ton jovial, « tu as bien dormi ? »
Un peu interloqué par cette soudaine bonne humeur je répondis que oui, me demandant ce qui avait bien pu lui occasionner un tel changement de moral.
Nous déjeunâmes de deux barres de céréales, elle mangeait avec appétit, buvait du café, me souriait.
« J’aimerai attraper des truites moi aussi, tu me montres ? »
Mon Dieu, si il n’y avait que ça pour lui faire plaisir… je lui répondis que oui, et une fois le barda plié j’entrepris de lui expliquer la technique du vairon mort manié…
Nous passâmes ainsi une matinée agréable, elle était douée, après deux ou trois ratés au ferrage elle ramena plusieurs poissons que nous relâchâmes. Le repas du soir était loin, il y avait de la route, et le poisson tourne vite en montagne !

Il devait être onze heures quand nous levâmes le camp. Tente pliée, sacs refaits, nous décollions en direction d’un autre groupe d’étangs…
Après quelques minutes de marche facile, un pierrier « casse pied » nous attendait pour franchir un col… Une heure de pénible montée nous conduisit au col, qui surplombait de hauts pâturages. Trois étangs minuscules se dessinaient, entourés de joncs. Des chevaux en liberté pâturaient aux alentours. Une vérification sur la carte s’imposait, était ce là les étangs recherchés ? Etait ce bien par cette descente abrupte qu’il nous fallait passer ?
Et bien oui, il fallait descendre ce flanc de montagne abrupt, telle était bien notre route.
Après trente minutes de glissades et de nombreuses chutes, nous arrivâmes au pied du premier étang.
Qu’elle ne fut pas ma surprise de voir de multiples truites, et de multiples gobages. L’environnement était différent, l’herbe permettait le développement de nombreux insectes, les gobages étaient prometteurs… Tout excité je montais la cane à mouche… un gobage, zut, raté ! Un autre, hop, une petite truite, la maille, pas plus … Virginie était aussi excitée que moi, les truites étaient petites mais mordaient bien, elle apprit bien vite la pêche à la mouche … nous conservâmes une dizaine de poisson pour le souper.
Autant la journée de la veille avait été pénible, autant celle-ci s’était écoulée dans la joie et les rires. Les tentes furent rapidement montées, le souper vite prêt, elle vint s’asseoir à coté de moi, nous mangeâmes en riant, en se brûlant aussi, nos yeux pétillaient à la lueur des flammes…
La soirée passât très vite, fatigués de la longue marche de la veille nous partîmes nous coucher avant dix heures.
Ma nuit fut identique à la précédente, bonne au début, froide sur le matin.
Je me levai avant elle, et préparai le café.
Pendant notre sommeil des nuages étaient arrivés, le ciel s’assombrissait, un mauvais orage semblait se préparer…
Nous engloutîmes rapidement notre petit déjeuner avant de plier armes et bagages. Pas question d’essayer de pêcher vu ce qui s’annonçait. Un refuge était situé sur la carte à une heure de marche, il nous fallait l’atteindre…
C’est sous de grosses goûtes que nous arrivâmes à destination. Il était dix heures. Trempés, glacés, nous nous réfugiâmes dans le gîte.
Une chance, une importante provision de bois sec était remisé dans un coin, et aucun autre promeneur ne s’était égaré par ici…
Le feu crépitait dans l’âtre, dehors la pluie tombait, les éclairs fusaient de toute part, le tonnerre grondait. Trempés nous nous déshabillâmes pour faire sécher nos frusques. Tant bien que mal une ficelle fut accrochée entre deux clous, nos vêtements mis à sécher, nous grelottions devant le feu.
J’étais en slip, Virginie en culotte et T-shirt, nous avions froid, ses seins pointaient à la lueur des flammes à travers son vêtement trop léger, l’amie d’enfance m’apparue sous un jour différent…
J’ignore encore ce qui me retint en cet instant de la prendre dans mes bras, peut-être même d’essayer de l’embrasser… Les souvenirs d’enfance, les souvenirs de l’avant-veille, un sentiment d’honnêteté envers tout ce que nous avions vécu que je ne voulais gâcher en profitant ainsi d’une situation incongrue… Toujours est il que rien ne se passa entre nous, rien de physique du moins… Un sentiment de désir mêlé de tendresse m’avait envahit, je fixais le feu. Virginie était à coté de moi, elle me regardait avec douceur, avec tendresse, et me pris la main.
Nous restâmes ainsi près de deux heures. Je ne lui lâchais la main que pour alimenter le feu, et la reprenais aussitôt après… tantôt face au feu, tantôt de dos, je la regardais. Sa silhouette était mince, elle était si belle, si désirable…
Les orages en montagne arrivent aussi vite qu’ils partent, il était midi quand le soleil refit son apparition !
Je me rhabillai en vitesse et consacrai une petite heure à remplacer le bois pris dans le gîte, en ramenant des branches mortes de la forêt de pins voisine.
Nos vêtements bien secs, nous reprîmes la route, silencieux… peut-être un peu amoureux ?

Le dernier étang était à une heure de marche, semblable aux précédents il nous régala de même. Le repas fut joyeux, les tentes vites plantées, nous nous couchâmes tôt.
Mon début de nuit fut similaire au deux précédents, la suite fut en revanche très différente…
Je m’endormis rapidement, repensant au feu de bois, au corps de Virginie, au désir que j’avais ressentis pour elle… Je dormais profondément quand je fus réveillé par un bruit de assourdissant de cavalcade. Les chevaux vus la veille venaient de traverser notre campement, piétinant nos sacs au passage et emportant dans leurs pattes la tente de mon amie.
Toujours dans son sac Virginie s’était assise et contemplait le spectacle d’un œil désolé. Tout était allé si vite, moins de dix secondes sans doute. Je l’interrogeais en lui demandant si ça allait, si elle avait vu ce qui avait motivé la peur des chevaux… Elle n’avait rien vu, elle dormait quand soudain elle s’était retrouvée sans tente au dessus d’elle, elle ne savait rien de plus.
Les chevaux semblaient loin, la nuit était étoilée, un fin croissant de lune se distinguait, mais il ne suffisait pas à donner assez de clarté pour apprécier les alentours…
Je lui dis donc de venir sous ma tente, qui avait été épargnée. C’était une « une place et demi », en se tassant, on devrait tenir... Que pouvait-on faire d’autre à deux milles mètres d’altitude dans le noir à plus de cinq heures de marche de la civilisation ?
Elle s’exécuta sans broncher, nous nous serrâmes l’un contre l’autre, cherchant le sommeil… il était à peine une heure. Après plusieurs heures d’attente, angoissé au moindre bruit, je finis par sombrer. Virginie avait visiblement eu moins de peine que moi, sa respiration était régulière depuis pas mal de temps…
Je m’éveillais en sursaut, émergeant d’un rêve où j’étais étouffé sous le piétinement de bêtes sauvages.
Je relevais la tête, au dessus de moi, à quelques centimètres, Virginie m’observait.
Je me retournais vers elle, elle se recouchât, nous nous faisions face, silencieux, emmitouflés dans nos sacs de couchage sarcophage.
Je refermais les yeux, il nous fallait dormir, nous devions rentrer le lendemain, la marche serait longue, puis il y avait le trajet en voiture jusqu’à nos villes respectives…
Le sommeil était sur le point de venir quand je sentis la main de Virginie qui entrait dans mon sac. Elle saisit mon poignet, extirpa tant bien que mal mon bras et le pris contre elle. Elle serrait ma main contre son torse, comme elle devait serrer son doudou étant enfant. Mon bras était tordu, la situation était inconfortable, mais je n’osais bouger. Je sentais la chaleur de son corps, le dessus de mon avant bras percevait la pointe durcit de son sein… J’étais mal et bien à la fois, mon cœur s’emballait, je la désirai, mais n’osai bouger, de peur de rompre le charme.
Lentement elle continua à tirer sur mon poignet, le faisant glisser contre elle…
Mon bras était à présent au contact de son sein, sa main posée sur la mienne, mes doigts effleuraient ses poils pubiens. Le sang battait en mes tempes, ma gorge était sèche, plus son jeu avançait, plus mon corps se figeait.
Elle continua son manège, tirant toujours plus au fond ma main dans son sac. Mes doigts effleuraient à présent son sexe humide. Son étreinte sur mon poignet se fit plus forte, poussant ma main plus avant. Ma paume écrasait à présent ses lèvres quand elle relâchât son étreinte pour se saisir de mon index et le diriger en elle.
Je frissonnais de plaisir et douleur mélangés. Mon bras était tordu, à moitié arraché, mon index introduit dans son intimité, je l’entendis gémir.
Lentement, doucement, ma paume écrasait son pubis, un deuxième puis un troisième doigt vinrent rejoindre le premier, Virginie haletait sous mes assauts maladroits. A peine quelques secondes s’étaient écoulées que ses jambes se raidirent, sa main repris la mienne et l’immobilisât, plaquée contre elle, mes doigts au plus profond de son sexe brûlant.
La douleur dans mon bras était de plus en plus intense, mais je n’osais bouger. J’ignore combien de temps durèrent ces instants, ils me parurent à la fois interminables et trop courts. Jamais auparavant je n’avais ressenti un tel amour, je voulais lui donner toute la tendresse qui était en moi, j’étais incapable de bouger, incapable de parler…
Peu à peu son étreinte se relâcha, mon bras refit surface hors de son sac, elle s’était endormie…
Je sentis mes doigts et les goûtais tel un gamin qui les aurait plongé dans de la patte à crêpe, je léchais avec avidité, étalant sur mes lèvres son odeur, mon excitation était à son paroxysme, je jouis à mon tour, sans trop savoir comment, ni pourquoi, sentant seulement mon sperme s’écouler lentement sur mon ventre…
Après quelques instants de torpeur un sourire me vint aux lèvres et je me dis en repensant aux chevaux qui nous avaient valus ces instants de plaisir : « et bien, qu’elle nuit » ! Je n’étais pourtant pas à la fin de mes surprises…
Je me contorsionnais un peu dans mon sac, repliais mon bras sur mon torse et repensais aux années d’autrefois … Nous étions très proche, très complices, et pourtant je ne l’avais jamais désirée, même aux périodes les plus dures de mon adolescence. Elle était pour moi un ami, et non une amie… Ses jeux, nos jeux, n’avaient rien de féminin, elle n’avait rien d’une femme, et pourtant, le souvenir de sa silhouette quasi nue devant le feu, le contact de son sexe brûlant… comment avais-je pu ne pas la voir telle qu’elle était maintenant ? Avait-elle tellement changé ? Etait-ce la souffrance qui l’avait rapprochée de moi, que voyait elle en moi, un ami rassurant, un ami vers lequel on peut revenir, toujours, quoiqu’il advienne ?
C’est bercé de ces interrogations que le sommeil m’envahit, pour la troisième fois de cette nuit. J’ignorais l’heure qu’il était, j’avais conscience que la journée de demain serait pénible, mais cela n’avait plus d’importance, il me semblait que quelque chose d’important venait de se produire…
Pour la troisième nuit consécutive je me réveillais avant l’aube, frigorifié. Pour la deuxième fois de cette nuit son visage était à quelques centimètres du miens, et ses yeux me scrutaient… « J’ai froid » me dit elle, dans un sourire… je lui rendis son sourire en murmurant « moi aussi ». Sans que je sache trop comment elle s’y pris, je la devinai s’extraire de son sac pour se glisser dans le miens. Un sac de couchage sarcophage permet la place d’une personne, pas de deux.
Elle était nue, son corps s’écrasait contre le miens, nous étions face à face, couchés sur le coté. Mes bras ne pouvaient bouger, les siens si. Avec rapidité elle m’ôta mon sweet et mon T-shirt. Ses jambes se frottaient aux miennes, mon pantalon glissa vers mes pieds. J’étais à présent tout aussi nu qu’elle, nos corps se touchaient, mes bras enlaçaient sa taille, ses bras entouraient mon torse, nos sangs se réchauffaient. Elle m’embrassa lentement, avec force, et passion. Je sentis peu à peu la chaleur revenir, au niveau de ma peau, par son contact, mais aussi à l’intérieur de mon corps, au creux de mon ventre, au milieu de ma poitrine, comme si son souffle pénétrait au plus profond de moi.
Nous étions là, à deux milles mètre d’altitudes, blottis l’un contre l’autre, plus proches que ne peuvent l’être la plupart des amants. Plus le temps passait, plus elle m’embrassait, plus son corps se rapprochait du miens, et moins je la sentais. Le contact électrisant de sa peau avait disparu, il me semblait que sa peau était ma peau, que nos corps avaient fusionnés. Je sentais le froid sur ses épaules, son dos, ses fesses comme s’il s’était agit de mes propres épaules, de mon dos, de mes fesses… Je respirai son haleine, je respirai son air, mon sang était oxygéné par ses poumons, nous ne faisions plus qu’un ! Cette sensation me fit peur, et peut être qu’elle en pris conscience, je voulu bouger, sentir mon propre corps, quitter ce sentiment étrange ou mon existence semblait disparaître et se confondre avec la sienne. Subitement je pensais à mon sexe, où était-il, pourrai-je le sentir, le toucher ? Comprit-elle mon intension, je l’ignore, mais je ressentis à cet instant précis comme une main me saisissant, me caressant doucement, une lente et ferme sensation de striction parcourant ma verge, je bas en haut, puis de haut en bas. Ses mains étaient plaquées dans mos dos, ses ongles s’enfonçaient dans mes épaules, mes paumes appuyaient sur ses reins, mes doigts crispés sur ses  fesses, les mouvements que je ressentais ne pouvaient être que les contractions de son vagin, qui saisissait mon sexe mieux qu’une main, plus délicatement qu’une bouche, l’épousant à merveille sur toute sa longueur. Cette sensation m’envahit, je ressenti mon sexe se durcir, devenant presque douloureux sous cette étreinte parfaite. Percevant mon émoi devant cette sensation que je ne pouvais maîtriser, elle intensifiât la pression de ses lèvres sur les miennes, intensifiât les mouvements de son vagin autour de mon sexe, provoquant par la même notre simultanée jouissance.
Les quelques instants qui suivirent furent pour moi les plus étranges de ma vie. Je ne saurai dire qui j’étais, quel était le périmètre de mon corps, ni même si une peau l’enveloppait encore… Nous étions unis l’un à l’autre pour ne former plus qu’un, indissociable. Je ne saurai dire si je m’endormis ou si je perdis connaissance, mais quand je repris conscience la lumière perçait à travers le tissu de la tente, le cercle du soleil nettement visible. Virginie était blottie contre moi, nos peaux se touchaient, mais nos corps avaient réintégrés leurs limites. Cette fois c’est moi qui l’observais alors qu’elle dormait encore, ses paupières repliées, une moue heureuse se devinant sur ses lèvres. Je serais sans doute resté ainsi longtemps, si le sol ne nous avait à nouveau transmis les vibrations provoquées par des chevaux au galop, qui cette fois passèrent au loin, évitant notre campement. Virginie s’éveilla et me sourit : « tu as bien dormi ? » me dit elle, « oui » répondis je en un souffle.
Nous nous extirpâmes tant bien que mal de mon sac, la tente était trop basse pour tenir debout. Nos corps étaient trempés de sueurs, nous avions froid, elle grelottait. Elle m’essuyât le corps de son T-shirt, je fis machinalement de même pour elle avec le miens, reproduisant ainsi nos habitudes d’enfants, quand nous nous baignons dans les étangs, devinant que ce geste symbolique marquait la fin de notre étreinte…
Nous nous habillâmes sans hâte, comme désireux de prolonger l’intimité unique que nous avions vécu.
Quand nous sortîmes de la tente le soleil était déjà haut, je regardais ma montre : dix heures !
La tente de Virginie était arrachée à quelques mètres de nous, les chevaux s’étaient pris les pieds dans les fils de fixation… Je récupérais et pliais tant bien que mal l’ensemble, elle faisait du café.
Nous n’avons pas prononcé un mot. Le café était chaud, nous le bûmes en nous regardant dans les yeux, nous n’avions pas faim.
Le barda sur le dos nous reprîmes le sentier, cinq heures de marche avant les voitures, du moins c’était ce que l’on croyait…
Etait-ce notre nuit qui nous avait donné des ailes, était ce la descente qui était plus aisée que la montée car le chemin plus facile ? Toujours est-il que nous arrivâmes à nos véhicules à quatorze heures, ayant ainsi rattrapé le temps perdu du fait d’un réveil trop tardif.
Nous déposâmes nos affaires dans nos coffres respectifs, nous n’avions toujours pas échangé un mot.
Elle s’approchât de moi, m’enlaçât, je la serrai à la taille. Ses pupilles dilatées occupaient presque tout son iris, elle était belle, plus belle que je ne l’avais jamais vue. Nous nous embrassâmes. Une dernière fois nos salives se mélangèrent, nos esprits fusionnèrent, en un long baiser d’adieu.
Nous terminions ainsi notre enfance, là où une vie d’adulte aurait peut-être pu commencer, si nous avions faits les bons choix, si nous avions su prendre les bons chemins, il y a si longtemps.
Nous avions trente trois ans, l’age du Christ, l’age de James Dean, c’était il y a presque dix ans, nous ne nous sommes jamais recontactés, conscients tous deux que l’on ne peut faire revivre le passé…
De cette nuit j’ai gardé en moi à jamais une part de la féminité qui était sienne, de cette nuit j’ai gardé une vision différente des femmes, du sexe, de l’amour… 

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Commentaires
B
Je suis contente d'avoir trouvé ce superbe texte ce soir. Une très belle histoire, c'est le genre "d'amour impossible" que j'aime lire. Magnifique tout comme le disait Gicerilla.
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P
J'ai pris le temps. De lire, de savourer. <br /> <br /> Je ne sais pas si je suis tenace, comme le dit notre chère Gicerilla. J'aime surtout les textes qui prennent le temps d'installer le lecteur dans ce moment privilégié de partage.<br /> <br /> Jung a dit quelque chose à propos de l'alchimie d'une rencontre, de la transformation qui en résulte. Transformation ou révélation ?<br /> <br /> J'aime beaucoup votre côté féminin. (et, ce qui ne manque pas de paradoxe, le fait que cela souligne votre masculinité)<br /> <br /> B
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C
Tes textes sont très forts, il faut effectivement les relire pour bien s'en imprégner et comprendre que certaines rencontres peuvent d'une façon ou d'une autre nous marquer à jamais <br /> C'est tres beau ..
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G
C'est magnifique ! Vous aurez bien sûr rectifié. Je l'ai relu, un peu mieux réveillée. Ce genre de texte se mérite car il faut être patient et lire tout sans se presser : l'introduction, le développement au rythme de la respiration des personnages, et puis la conclusion. Hélas, le lecteur est zappeur et seuls les plus tenaces auront la récompense, connaître une si belle histoire.
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G
Juste magnifiguq !
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