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Cacophonies élémentaires
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9 novembre 2009

La Lionne

J’aurais pu intituler ce post «prendre son temps», mais cela lui aurait donné un coté plus philosophique, moins viscéral, moins bestial… ce qui ne me plaisait guère…
J’aurais pu l’intituler «l’attente», mais cela aurait sous-entendu que quelque chose devait se produire, «en attendant Godot», trop pathétique, la réponse ne vient jamais des autres, mais toujours de nous-même…
J’aurais du l’intituler «Le lion», car c’est bien de cette chanson qu’en est tirée l’inspiration, mais cela aurait sous-entendu que je m’identifiais au Lion, ce qui ne me plaisait pas, et n’est pas non plus le cas…
Alors je l’ai intitulé «La lionne», car au fond, si c’est bien le Lion qui répond, c’est avant tout la Lionne qui appelle… 
Qui appelle au secours?
Non, qui appelle, qui appelle non pour être secourue mais pour être aimée… pour être aimée en tant que bête, pour être aimée pour ce qu’elle est, une force cruelle qui domine son monde, dont l’ombre seule terrorise la savane… 
Aussi paradoxal que cela puisse paraître c’est bien d’amour dont la Lionne à besoin, et je dis bien besoin, et non envie… De cet amour bestial qui lui permettra d’accomplir son rôle ici bas: procréer, encore et encore, maintenir l’espèce, à tout prix…
Pour cela la Lionne a besoin du Lion, et elle l’appelle, elle le supplie de venir à son chevet, la satisfaire…
Alors, bien sur, la Lionne de Brel a évolué, bien sur elle n’appelle plus le Lion pour satisfaire un simple besoin de procréation… mais elle appelle toujours! Elle appelle car elle ressent en elle un manque, un besoin d’amour qui n’est plus seulement sexuel, un besoin d’être rassurée et surtout comprise… 
Un besoin qui n’est plus seulement charnel, mais qui n’en est pas moins viscéral…
Mais voila, la Lionne est forte, trop forte… et à présent elle effraie le Lion!
Ainsi la Lionne est seule, très seule malgré la présence de ses petits, malgré la présence de ses sœurs, avec qui elle joue parfois…
Alors la Lionne appelle, et son cri déchire la nuit…
Mais que dit la chanson?
La chanson dit: «Vas-y pas Gaston», car cette Lionne incarne la tentation, cette Lionne incarne le péché, cette Lionne incarne le mal…
Cette Lionne si brillante, cette Lionne si belle, cette Lionne si désirable… tu ne dois pas céder à la tentation, tu ne dois pas être faible, tu dois attendre… Tu dois lui montrer que tu ne cours pas après elle, que tu n’as nul besoin d’elle, qu’à la rigueur, si ton emploi du temps le permet, tu veux bien consentir à passer lui faire un petit coucou, un jour, sous peu…
Et plus la Lionne hurle, plus tu te dois d’attendre!
Plus le cri est violent, plus tu dois être fort, plus tu dois y résister!
Mais voilà, le cri se meurt en plainte, le besoin en douleur…
De cet appel à l’amour il ne reste plus aujourd’hui qu’un cri de désespoir, un cri de rage, un sanglot…
L’attente a commué le désir d’amour en désir d’expiation, le plaisir en souffrance…
Alors au nom de quoi as-tu tant attendu? Quel autel méritait donc que tu lui sacrifies l’amour?
Est-ce la morale qui demande ce sacrifice? Le bien penser dont tu te moques si souvent? N’est-il pas facile de te prétendre aujourd’hui vertueux, après avoir clamé haut et fort ton dédain pour ce genre de «sentiment»?
Est-ce la timidité, est-ce la peur qui te conduisent à cette réserve? La peur d’être éconduit? La peur de t’engager, la peur de te confier, la peur de t’abandonner, la peur d’être abandonné, la peur d’être trahi?
Mais cette peur, vas-tu vivre sans cesse avec elle?
Crois tu que sa compagnie est préférable à la compagnie de l’amour?
Ne te rends tu donc pas compte, pauvre idiot, qu’en agissant ainsi tu sacrifies l’amour à l’autel de ton ego! Tel narcisse, à trop vouloir t’aimer, tu as peu à peu oublié que tu tirais ta force des autres, que le miroir que tu chérissais tant… n’était que les autres!
Alors, vas-y, n’attend pas, agit, comme si demain… était la fin du monde!

 

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Commentaires
L
Très beau texte !!! Puis je le partager ? L’utiliser ? Comment rentrer en contact avec vous ? Merci d’avance
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P
@chilina: rien de tout ça, je suis juste une fille avec des couilles :))
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C
Bien au delà de la sensibilité féminine que tu as en toi, tu sembles ressentir ce mal qui noue les tripes, l'incompréhension qui peut pousser au pire <br /> Tu devais etre femme dans une autre vie ...<br /> Ou ta compagne s'est imprégniée en toi de tous les pores de sa peau !
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P
@Alouette: mouais, un renard rusé... pas très flatteur, je préfère encore être chat qui joue avec les souris ;-)<br /> <br /> @Selina: ha bon, cette parabole t'interpelle? :-)
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S
Ta lionne me fait songer à l'amante religieuse quelque part...<br /> Ne souffre-t-on pas aussi de sa condition ?<br /> <br /> Cette parabole animalière a eu le bon goût de m'interpeller comme une fable d'un autre temps.<br /> Et je vois qu'elle te fait te questionner (et te secouer !) tout autant... ;-)
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